Dans son atelier aussi lumineux que son regard devant ses moules de bois et ses bobines de fils parsemant ses étagères, Natalia conçoit et fabrique à la main des chapeaux comme elle écrirait des poèmes à la vie. Elle y consacre une énergie pure, constante et enchanteresse. Tant et si bien qu’elle fonde en 2017 son entreprise, Natalia Baquero Millinery.
Pendant le tournage, la créatrice, issue d’une famille d’artistes, nous raconte son parcours et explique son processus entourant la fabrication de chapeaux et de parures de tête qui sont pour elle l’extension de nos pensées et de nos désirs.
Fine observatrice et méticuleuse, Natalia aime prendre le temps avec ses client·e·s afin de bien comprendre ce qu’ils et elles incarnent. Elle a un attachement incontestablepour les couleurs éclatantes et les matières moins traditionnelles.
Ses chapeaux aériens, parfois même oniriques, offrent toujours un élément de surprise, que ce soit par l’utilisation d’un ruban, d’une matière, d’un mélange de couleurs inusité ou encore par une finition intérieure remarquable.
Sa voix, calme et douce, ne fait qu’un avec son atelier qu’elle considère comme sacré. Choisir les Cantons-de-l’Est, plus précisément la petite ville de Lac-Brome, lui a permis d’avoir un espace à la mesure de ses ambitions. D’origine colombienne, Natalia a pu, dans un même temps, retrouver les montagnes de son enfance et profiter d’un contact spirituel avec la nature. La communauté d’artistes vivant sur le territoire l’inspire beaucoup et forme un réseau où il est possible de partager des connaissances et de se donner mutuellement le goût d’explorer davantage.
Le souhait le plus cher pour l’artisane, c’est de multiplier les occasions de parler de son métier, afin d’ouvrir aux client·e·s et aux touristes le monde fascinant de la chapellerie.
L’invitation est donc lancée, franchissez les portes de Natalia Baquero Millinery et vous serez embarqué·e·s pour une odyssée où quête de soi et créations exquises riment avec authenticité et innovation.
En entrant dans l’atelier de Catherine Labonté, un vent de chaleur nous accueille et il ne s’agit pas seulement de la chaleur émanant des fours qui fonctionnent ici sans relâche. Catherine est à chaque fois très heureuse d’ouvrir les portes de son atelier et de nourrir ses visiteuses et visiteurs de sa passion pour le verre soufflé. C’est l’occasion pour elle de partager les technicités de son métier, de montrer comment elle prépare ses matières, comment les pièces sont fabriquées, et ce, en cours de création, contexte optimal pour les curieux·se.
Il faut l’admettre, visiter l’atelier d’un·e souffleur·e de verre est une expérience tout à fait unique. Avec sa production d’animaux cartoonesques constellés d’infimes détails et de magie, l’atelier de Cat Designer Verrier vaut pleinement le détour. Ses vingt années d’expérience dans le domaine y sont assurément pour quelque chose.
Situé dans les lofts Bedford dans la région de Brome-Missisquoi, son atelier prend place dans un complexe locatif qui fourmille de créativité. Ancienne usine d’aiguilles à tricoter industrielles, le lieu a été transformé en espaces qui réunissent petites entreprises et artisan·e·s de toutes disciplines et domaines.
Si c’est d’abord les amis qui l’attirent dans la région, l’étincelante rivière aux Brochets et un style de vie plus serein ont constitué le véritable appel pour l’amoureuse des animaux.
Catherine est heureuse de s’être installée ici et son aisance dans l’atelier en fait foi. Notre caméra tente de ne rien rater de cette danse millimétrée entre elles et son assistante pendant la fabrication d’un hérisson drolatique qui fait la marque de commerce de son entreprise.
Si vous passez dans la région, planifiez une visite à l’atelier de Catherine et, qui sait, vous trouverez peut-être le compagnon de votre vie dans ses créations de verre ?
Un peu moins d’une heure trente de voiture, à travers de somptueux paysages estriens, me permettra de rejoindre l’atelier Baba Jaga Glassworks du verrier Pavel Cajthaml situé à Sainte-Edwidge-de-Clifton, dans la MRC de Coaticook. Le temps est frais et les arbres chargés d’une averse qui m’a précédé. Véritable fan de la série Blown away sur Netflix, je m’attends à une chaleur extrême en entrant dans l’atelier, mais il est, somme toute, très bien aéré. Je comprends qu’il s’agit là d’une exception, car Caroline Ouellette et Patrick Primeau du Studio Welmo, également installé dans les Cantons-de-l’Est, à Frelighsburg dans Brome-Missisquoi, me racontent que la chaleur est parfois si tenace qu’il arrive aux non-initiés de se sentir incommodés.
Chez Baba Jaga, qui tient son nom d’un personnage de conte traditionnel slave, les différentes étapes de fabrications occupent pratiquement une pièce chacune. « C’est un peu comme un nid d’hirondelle », explique Pavel, l’air moqueur dans la voix. Et ce n’est pas une coquetterie, car après le soufflage, une pièce peut demander jusqu’à deux heures de travail – voire plus – comprenant le sablage, le polissage et la vérification de la qualité pour être ensuite expédiée chez le client.
De l’extérieur, la brise se trouve un chemin par les portes de l’atelier laissées ouvertes. La cuve est déjà bien nourrie de verre en fusion et le thermomètre indique 1400 degré Celsius. Comme la tradition l’impose, le verre est chauffé dans un four conçu pour atteindre des températures extrêmement élevées. Cette fusion du verre permet donc aux artisan·e·s verriers de travailler ce matériau qui autrement ne pourrait pas être malléable.
Aujourd’hui, loin de l’obsidienne préhistorique qui servait alors de monnaie d’échange, la fabrication du verre n’est désormais plus un secret enfoui comme il l’était au 14e siècle sur l’île de Murano. Lieu mythique du soufflage de verre, cet endroit, que les artisan·e·s verriers n’étaient pas autorisé·e·s à quitter ni à divulguer aucun des principes de fabrication du verre, a marqué l’histoire du métier. Cette connaissance était aussi précieuse que l’or pouvait l’être. Sur cette île, un savoir-faire inestimable était à l’œuvre et plusieurs techniques se développaient, notamment la fabrication des miroirs qui firent de Murano sa renommée. Toutefois, bien avant que Jean-Baptiste Colbert, l’un des principaux ministres de Louis XIV, envoie des espions recruter quelques maîtres verriers pour le compte de la France, le verre était déjà en fusion dans des fourneaux aussi chauds que ceux de Vulcain, dieu romain du feu.
L’invention du soufflage de verre remonte en effet à l’Antiquité. Les Égyptiens sont reconnus pour avoir été les premiers à dompter cette matière, mélange de silice, de cendre et de calcaire fusionnés, d’une transparence divine, rigide et liquide en même temps. Aujourd’hui les techniques ont changé bien que certaines soient demeurées similaires à cette époque.
Très versatiles, Patrick et Caroline du Studio Welmo, spécialisés dans la fabrication de pièces uniques en verre soufflé et coulé, travaillent plusieurs techniques dont le soufflage de verre, la sculpture au chalumeau et le moulage qui donnent des formes plus précises et complexes à certaines pièces. Depuis 2005, leur atelier-boutique offre un éventail de produits à la rencontre de la sculpture et du design fonctionnel.
La technique la plus connue est certainement celle pratiquée avec des tubes creux, appelé canne, au bout desquelles est fixée une petite quantité de verre en fusion. À l’autre extrémité de la canne qui ressemble à un bec de flûte, on souffle afin de donner une forme à la matière. Une autre méthode fréquemment employée de nos jours est le soufflage à la pince qui consiste à façonner le verre chaud avec une pince en métal pour créer des effets visuels uniques et des motifs originaux.
Catherine Labonté de chez Cat Designer verrier est une souffleure de verre et entrepreneure qui offre une gamme d’animaux décoratifs en verre soufflé. Habitant désormais la charmante municipalité de Bedford dans Brome-Missisquoi, celle qui donne une fois par année une démonstration publique au Corning Museum of Glass, prestigieux musée américain du verre, apporte un clin d’œil ludique et coloré à ce métier d’art.
Boutiverre, entreprise de Caroline Couture, de son côté, ne travaille qu’avec du verre recyclé. Dans son atelier de Knowlton, elle donne un autre souffle à des bouteilles de verre en les transformant en luminaires. Caroline privilégie une approche moderne et épurée. Dans ses procédés, elle expérimente aussi avec des textures faites de matières naturelles comme l’eau et la cendre de bois.
Dans l’atelier de Pavel, loin des légères poussées d’adrénaline et d’émotions que promulguent parfois le soufflage de verre, une chatte noire insouciante, tigrée de brun, se faufile près du four à la recherche d’affection. Pavel et son assistant, Robert, terminent une pièce. Une fois soufflée, elle ira poursuivre sa cuisson dans un four conçu pour cette étape. La composante, d’un noir séduisant et translucide, servira à l’assemblage d’un luminaire.
Métier passionnant s’il en est un, le soufflage de verre est aussi un dur métier vu la gestuelle et les conditions qu’il encoure. Caroline Ouellette retient surtout de sa pratique qu’elle lui permet une vie dédiée à l’apprentissage parce que les défis reliés à la matière qu’elle travaille l’exigent. C’est ce qui rend ce métier si beau à ses yeux.
Sur le chemin du retour, tandis que la pluie tambourinent à nouveau sur le pare-brise, je pense au fait que cette région est extrêmement chanceuse de compter autant de talents et de passionné·e·s du verre qui ont décidé de s’y installer. Je vous invite donc à prendre la route et aller à leur rencontre! Allez vous nourrir au feu créatif qui anime leur regards, leurs gestes et qui émane de leur travail!